Arrêter de se juger !

J’arrête de (me) juger ? « Vaste programme ! », aurait dit le Général.

Ça sonne un peu comme : « J’arrête de respirer ».

Tellement nous vivons dans une culture où l’on (se) juge comme on respire, du matin au soir.

« À celui qui n’a qu’un marteau », disait Abraham Maslow, « tous les problèmes sont des clous. » Autrement dit, qui n’a étudié ou ne maîtrise qu’une seule approche, qu’un seul outil de développement personnel, court le risque de s’enfermer dedans, d’y voir une panacée, de vouloir tout régler avec ce seul moyen, au risque de faire des dégâts. En réalité, on a autant besoin de tenailles que d’un tournevis et de pinces, bref d’une boîte à outils complète pour résoudre toutes les situations que la vie nous présente.

C’est là l’une des leçons essentielles que m’a enseignée mon parcours depuis plus de trente ans. Aucun outil, aucune méthode ne règlent à eux seuls tout l’éventail de nos problèmes. Chaque approche a ses qualités, mais aussi ses défauts ; chacune jette d’intéressants éclairages, mais comprend des angles morts que peuvent judicieusement compenser d’autres techniques.

C’est bien la mise en œuvre de plusieurs moyens différents qui m’a permis de me libérer de mes anciennes façons de fonctionner et d’en adopter progressivement de nouvelles, beaucoup plus épanouissantes.

S’approprier chaque outil

Une seconde grande leçon que j’ai tirée de mon propre cheminement, et qui, dans l’idéal, devrait accompagner la transmission de n’importe quel enseignement, à l’école, à l’université, dans les milieux psy, c’est la nécessité de s’approprier les outils et méthodes qui nous sont transmis. De les faire nôtres.

Si je vous offre une pomme, vous n’allez pas la déposer respectueusement sur un autel, brûler de l’encens devant, faire sonner des cloches tibétaines et prononcer des incantations : vous n’en retireriez aucun bénéfice. Il vaut mieux que vous plantiez franchement vos crocs dedans, que vous en explosiez la forme, que vous en fassiez jaillir le jus, que votre système digestif en absorbe ensuite les vitamines, les minéraux, etc., pour en faire votre chair à vous… avant d’en expulser par les voies naturelles les éléments qui ne vous conviennent pas.

De manière analogue, il faut oser vous faire les dents sur les outils qui vous sont transmis : les tester, les décortiquer, les assimiler… et en rejeter aussi ce qui ne vous convient pas. Chacun de vous a un parcours de vie unique, des expériences et des références différentes. Partant, il est normal que vous vous appropriiez de manière spécifique les choses que vous recevez et apprenez.

Accordez-vous cette liberté-là.

Ne plus (se) juger : est-ce vraiment possible ?

Alors, puis-je affirmer pour ma part que je ne (me) juge plus du tout aujourd’hui ? Puis-je par conséquent vous assurer que vous aussi allez parvenir à complètement extirper tout jugement toxique de votre vie ? L’honnêteté et la sagesse me forcent à donner ici une réponse plus nuancée qu’un simple oui catégorique et prosélyte. Oui, je jouis aujourd’hui d’une qualité de vie intérieure et extérieure qui n’a plus rien à voir avec ce qu’elle était voici quinze ou vingt ans : les jugements ont globalement cédé la place à la gratitude, à l’appréciation, à la compréhension, à l’amour et au pardon.

Puis-je pour autant dire que je suis en permanence dans cet état ?

Que le juge intérieur a définitivement disparu de ma vie ?

Ce serait présomptueux.

Le juge est encore là parfois : mais, même s’il n’a pas totalement disparu, sa capacité à me miner par ses jugements, son aptitude à prendre le dessus et à contrôler ma vie, ont fondu comme neige au soleil. Il continue parfois de radoter, comme les deux vieux dans la loge du Muppet Show, mais je n’adhère plus à ce qu’il me dit, je ne le crois plus. Il n’est plus maître à bord (enfin, presque plus…). Et du coup, le changement intérieur est considérable !

De même que le courage n’est pas l’absence de peur, mais la capacité à la surmonter, à ne pas y succomber, l’étape décisive à laquelle je peux vous assurer de pouvoir parvenir, si vous vous lancez dans cette aventure… Alors, vous ne succomberez plus à vos jugements toxiques, votre juge intérieur aura perdu son trône pour ne conserver qu’un rôle d’arrière-plan, de plus en plus anecdotique.

Passé ce premier cap-là, vous vivrez dans un état de conscience extrêmement différent de celui qui est encore la norme aujourd’hui. Vous serez en paix avec vous-même, tel que vous êtes. Vous aimerez la personne que vous êtes, au lieu de la juger.

Et, par effet miroir, vos jugements envers les autres seront eux aussi remplacés par de l’amour, de la compassion et de la compréhension. Vous saurez pardonner.

Attention, vous n’en deviendrez pas un béni-oui-oui pour autant, je le précise. Ne pas juger ne veut pas dire manquer de discernement ni quand il le faut de fermeté. Au-delà de ce col décisif, vous pourrez ensuite, comme je m’efforce de le faire jour après jour, poursuivre votre ascension vers l’absence complète de jugement à laquelle certains disent et semblent être parvenus. Après avoir atteint le camp de base, symboliquement parlant, vous pourrez viser l’Everest.

Je vous invite à découvrir ces outils par ce livre de : Olivier Clerc « j’arrête de me juger » aux éditions Eyrolles. Voir aussi les stages « Des cercles du pardon » en relation avec Don Miguel Ruiz sur son livre « les quatre accords Tolteques » et « Le don du Pardon ».

Les anglo-saxons disent « You must walk your talks »: Vous devez vivre ce que vous dites. Dans tous les domaines, on trouve normal de faire du tri, du classement, d’identifier clairement les choses pour savoir où les trouver et comment les utiliser. Mais a-t-on appris à identifier les différentes dimensions dont nous sommes constitués et à classer dans des casiers ce que nous vivons ou recevons à l’intérieur de nous? Mettre de l’ordre en soi, c’est y voir plus clair en nous et chez les autres, c’est mieux gérer nos relations et la masse d’informations qui nous parviennent chaque jour, c’est sortir de notre bulle mentale pour prendre appui dans le réel, c’est retrouver une plus grande liberté dans la tête et le cœur, et vivre plus sereinement.

Texte de Olivier Clerc