Pourquoi et combien payer un thérapeute?

Publié le 20 septembre 2017

 

Dans les siècles passés, et encore de nos jours, dans beaucoup de communautés du monde, le médecin, l’homme-médecine, le chamane, le moine enseignant ou le thérapeute, par exemple, étaient soutenus matériellement par la communauté.

 

En échange de leurs soins, les uns leur amenaient une poule, des œufs, un morceau de viande, des céréales, des légumes ou des fruits. D’autres leur offraient une couverture, une bougie, un vêtement ou tout autre objet nécessaire à leur subsistance. Le logis était mis à leur disposition par la communauté ainsi qu’un moyen de transport, au besoin.

 

Le soignant était reconnu par la communauté comme un être à part, doté de «dons divins» que tout le monde respectait profondément puisqu’il était nécessaire à la communauté. Personne ne venait consulter le soignant(*) sans lui apporter quelque chose en échange, sous forme matérielle ou de service.

 

L’appel

Quel que soit le métier de chacun, c’est souvent en réponse à une aspiration, un appel du cœur, une «mission» de vie et mû par une vocation qu’on choisit son chemin professionnel.

 

Qu’on soit soignant, artiste, comptable, menuisier ou qu’on occupe tout autre emploi, chacun porte des aptitudes particulières qu’on pourrait considérer comme des dons, qui font que chacun excelle dans son domaine plutôt que dans un autre et a du plaisir à le pratiquer.

 

On remarque d’ailleurs que certains reconnaissent et intègrent spontanément et facilement les connaissances transmises dans un cours alors que d’autres devront fournir plus d’efforts pour acquérir ces mêmes connaissances et ce, malgré leur intérêt.

 

N’est-ce pas que ces aptitudes sont des dons ?

 

Pourquoi payer son thérapeute ?

 

« J’ai de la peine à accepter qu’un thérapeute, quelqu’un qui a reçu un don de Dieu (ou de la vie, comme on veut), demande de l’argent pour ses soins », d’affirmer dernièrement un ami comptable.

 

« Toi, en tant que comptable et enseignant dans ton domaine », de répondre mon amie thérapeute,

 

« Est-ce qu’on pourrait considérer que les aptitudes professionnelles que tu as sont des dons de la nature ? »

 

« Ah, c’est intéressant, je n’avais pas vu ça sous cet angle mais c’est vrai que, depuis tout petit, j’ai toujours aimé jouer avec les chiffres », de réaliser l’ami comptable.

 

« Donc, en tant que comptable (doué d’un talent inné et naturel pour les chiffres), tu considères que c’est tout à fait normal qu’on doive te payer un prix qui te permette de vivre confortablement ? »

 

« Euh… oui ! » répond le comptable.

 

« Et moi alors ?! Parce que j’ai des dons qui sont plus «invisibles», je ne mérite pas d’être payée en reconnaissance de ma valeur ? Quand j’ai besoin de tes services comptables, je dois te payer. Pourquoi tu ne devrais pas me payer pour mes services ? »

« Tu as raison », répond le comptable, « je n’avais pas vu ça ainsi. On est portés à croire que tout ce qui touche à l’être humain à un niveau plus subtil et spirituel n’a pas de prix et doit même éventuellement être gratuit puisque on sait que vous travaillez grâce à vos dons. Je n’avais jamais réalisé que j’en ai aussi, dans d’autres domaines et qui me permettent de vivre confortablement effectivement. C’est vraiment une fausse idée que je m’étais faite au sujet des thérapeutes. »

 

« Je trouve cependant parfois cher le prix que les thérapeutes demandent », de continuer l’ami comptable.

 

« Nous devons suivre des formations régulièrement », affirme alors mon amie thérapeute, « ce qui nous oblige à débourser de grosses sommes parfois, sans compter les déplacements et les journées où nous ne pouvons alors pas accueillir de clients. D’autre part, ce que nous faisons nécessite beaucoup d’énergie. Nous ne pouvons donc pas travailler 40 heures par semaine en thérapie car nous avons besoin de repos et de ressourcement pour rester en forme et disponibles. »

 

Le «véhicule terrestre» du soignant

 

Le soignant – travailleur corporel, psychique, énergétique et/ou spirituel – met son corps, sa psyché et son énergie, – son «véhicule terrestre» -, son temps, ses connaissances parfois ancestrales, sa disponibilité et sa mission à disposition de ses patients dans un endroit qui doit être approprié. Cette profession est son choix de vie, son métier. Il ne peut exercer aucune autre profession en même temps pour subvenir à ses besoins.

 

De plus, il doit prendre soin de son «véhicule terrestre» qu’il met au service de ses patients quotidiennement (psychiquement, énergétiquement, physiquement et/ou spirituellement), ce que ne font pas les personnes qui travaillent dans d’autres corps de métiers.

 

En tant que soignant, il lui est donc primordial de prendre soin de lui de façon particulière pour toujours rester en forme et disponible à dispenser des soins.

 

« Comment voudrais-tu pouvoir recevoir des soins de nous, thérapeutes, si nous ne pouvons avoir de quoi vivre et prendre soin de notre «nous-même» que nous employons pour dispenser des soins, contrairement à toi qui fait un travail mental et mécanique ? » de demander mon amie thérapeute à son ami comptable.

 

« C’est vrai. Tu m’as fait réaliser que vous méritez autant que n’importe quel travailleur, voire même plus puisque vous employez votre «véhicule terrestre» à temps plein, ce que je n’ai pas besoin de faire, et que vous avez donc aussi besoin de pouvoir prendre du temps pour vous ressourcer afin d’être en forme pour recevoir de nouveaux clients » rétorque le comptable.

 

« C’est la raison pour laquelle nous demandons une contribution à nos clients qui peut parfois paraître élevée mais qui nous permet de pouvoir continuer à faire le métier que nous aimons, notre mission de vie, notre vocation, nos dons », rétorque la thérapeute.

 

Aujourd’hui, très peu de soignants acceptent encore les dons : contrairement à dans l’ancien temps, la communauté ne les soutient plus et les dons sont parfois minuscules voire inexistants. L’ère de la reconnaissance du soignant et de ses «dons divins» n’existe plus.

Pourtant, les soignants doivent payer des frais à tous les niveaux (NDR : factures, charges ménagères et professionnelles, acheter à manger pour eux et leur famille, etc…), comme tout le monde, et sont donc obligés de demander une contribution pour subvenir à leurs besoins.

 

S’engager dans sa guérison

 

Il est aussi prouvé que le fait de donner une contribution au soignant pour recevoir ses soins fait en sorte que le patient s’engage de façon plus intégrée, efficace et rapide dans son processus de guérison. Plus la contribution est importante, plus le patient s’engage envers lui-même.

 

(Le fait de payer un thérapeute dédouane également le patient de ce sentiment émotionnellement malsain de se sentir redevable de la personne qui l’a soigné sans rien demander en échange car selon mon avis personnel : « quand on donne des soins gratuits, on perd ses amis et la considération des autres).

 

Auteure : Publié le 29 mars 2012 par Dominique Jeanneret.