C’est le Principe 80/20

Ce Principe 80/20 est issu de la (fameuse) loi de Pareto (1897), cet économiste italien Vilfredo PARETO (1848-1923) qui cherchait à connaître le modèle de la distribution des revenus et des richesses dans l’Angleterre du 19ème siècle et qui a constaté que la majorité des revenus et de la richesse allait dans l’escarcelle d’une minorité (de riches). Jusque-là, vous avez sans doute l’impression d’une affirmation gratuite. En effet, « tout le monde sait que l’argent va aux riches ». Ceci dit, ce chercheur économiste s’est appuyé sur des échantillons (méthodes statistique et probabiliste) pour expliquer ces faits. Et qu’a-t-il constaté ? Que ce principe des 20% de la  population détenant 80% des richesses se vérifiait de manière mathématique et ce, quel que soit l’échantillon étudié, quel que soit le pays et quelle que soit l’époque. Il montre que ce modèle de déséquilibre est à l’œuvre dans de nombreuses situations (qu’il n’a pas su expliquer de son temps).

Quelques années plus tard, ce Diagramme de Pareto (ou Distribution de Pareto) est repris par Joseph Moses JURAN (1904-2008) qui le développe dans sa discipline (Démarche Qualité) et l’utilise comme outil pour identifier la répartition des défauts d’une production. (Il l’utilise en le détournant de sa finalité première mais lui garde le nom de son auteur initial). L’idée étant que, pour une situation donnée, sachant que 20 % des causes ou ressources (« intrants », ce qui entre dans le système étudié, ce qui est à l’origine d’un résultat quel qu’il soit) produisent 80 % des effets (dits « extrants », c’est-à-dire ce qui sort du système étudié, ce qui est « produit » au sens large par le système en question) alors, dans un système de production, 20% des causes sont à l’origine de 80% des défauts de fabrication, de non-qualité. Par conséquent, rechercher et analyser ces 20% de causes « funestes » doit permettre de remédier aux 80% de défauts et les supprimer (d’où l’atteinte de la Qualité totale). Retrouver ces « quelques éléments essentiels » fait toute la différence sur le résultat obtenu

Ce principe 80/20 est partout ! (si vous cherchez bien)

Ce principe, transposé dans d’autres contextes, nous montre que 80% des résultats – que ces résultats soient positifs ou négatifs (tout dépend du sens de lecture et des objectifs poursuivis) – sont générés par 20% (seulement) des ressources. Par exemple, 20% de produits en stock vont générer 80% de coût de stockage. De même, 80% de vos stocks vont générer 20% de vos ventes. Ou 20% de vos clients sont à l’origine de 80 % de votre chiffre d’affaires. C’est aussi ces 20% de clients qui vont vous réclamer 80% de votre temps et de votre énergie s’ils ne sont pas satisfaits !

Dans l’actualité globale, ce principe de déséquilibre se vérifie dans maintes situations actuelles : pour l’accès à l’eau potable, pour la pollution rejetée dans l’air, pour la production du pétrole ou autres minerais stratégiques, etc. Bien que n’étant pas parfaitement respecté dans sa proportion 80/20 (on peut en effet obtenir 90/10 ou 70/30), le déséquilibre reste néanmoins flagrant entre « intrant » et « extrant ».

Il se vérifie aussi dans des situations immatérielles, non directement quantifiables : 80% de votre temps est utilisé à la réalisation de 20% de vos résultats. 20% de votre temps vous rapporte 80% de vos résultats. 80% de votre temps est consacré à 20% de tâches qui servent directement vos objectifs. Si vous faites le point en fin de journée, vous constaterez (peut-être) que votre humeur à tendance joyeuse est issue d’un événement heureux. Traduction : 80% de votre joie de vivre sont issues de 20% d’événements/tâches qui ont jalonné votre journée. (Ou votre journée de 15 heures de veille a été « pourrie » par un événement mineur… Vous retrouvez le déséquilibre 80/20… ou 20/80, c’est pareil, votre journée est tout aussi « gâchée »).

Ce principe 80/20 se vérifie encore et toujours, dès lors que l’on compare un « intrant » avec « son extrant » : vos efforts (20% d’intrant) pour obtenir un résultat (80% d’extrant. Remarquez le peu d’effort à consacrer pour un résultat plutôt élevé) ; votre portefeuille d’actions dont seuls les 20% (d’intrant) rapportent 80% de bénéfice/résultat/intérêts (extrant) (remarquez encore le décalage entre vos placements rentables et les autres) ; 20% de mes articles génèrent 80% de trafic (et là, c’est un mystère pour moi – pourquoi ceux-là et pas les autres ? – mais je me résigne à constater cette loi en action) ; dans mon article, présentement, il n’y a (certainement) que 20% qui vous intéressent sur les 80% que je viens de rédiger (mince alors) ; 20% de votre alimentation engendrent 80% de votre surpoids (faites porter l’effort sur ces « traitres » pour les supprimer sans vous restreindre sur le reste) ; 20% des mots à notre disposition suffisent à exprimer 80% de ce que nous voulons transmettre (sauf moi qui creuse mon dictionnaire des Synonymes. Non mais).

Ce principe est le reflet de la réalité (que nous le / la voyons ou pas)

Bref, ce principe 80/20 se retrouve partout ! Si si. Vraiment partout. Et pourquoi ? Parce qu’il est le reflet de la réalité, le reflet de forces qui se jouent de part en part, dans et autour de nous, que nous agissions ou pas, que nous en ayons conscience ou pas.

Je trouve ce Principe 80/20 bouleversant ! Il affirme en effet qu’il existe un déséquilibre systématique et prévisible propre à toute vie (terrestre et universelle). Et ce Principe 80/20 ne fait que mettre en exergue – par des chiffres sous notre nez – le résultat de ces forces agissantes, décrites par la loi de Pareto et expliquée actuellement par le Loi du Chaos.

Qui aime le déséquilibre ? Personne. Qui se promène avec aisance dans l’incertitude ? Peu de gens (très peu) (et là, tout de suite, je ne vois personne). Nous préférons tous notre zone de confort, rassurante, connue, « équilibrée », plutôt que l’aventure non maîtrisée. Nous préférons maîtriser les événements et nous croire à l’origine de nos résultats (surtout quand ils sont conformes à nos attentes) plutôt que croire au hasard ou à des forces qui nous échappent. Nous préférons être dans le « tout contrôle » plutôt que dans l’incertitude qui rôde. Quoi de plus intolérable que d’être surpris par des événements désagréables, des résultats décevants, alors que nous avons tout mis en œuvre pour réussir ?

Ce principe nous dit aussi que, a contrario, il existe 80% d’intrants agissant et responsables des 20% restant… Ces fameux 80% que nous ne voyons pas et qui n’en agissent pas moins. Ce n’est pas parce que nous ne voyons pas ces 80% (que nous mettons pourtant en œuvre à notre insu – énergie, actions, tâches effectuées, heures passées, etc.) qu’ils n’agissent pas.

Si 20% d’énergie mise en mouvement rapportent 80% de résultat, imaginez ce que pourraient rapporter les 80% restant ?

Ce principe nous donne plusieurs informations pertinentes

– nous savons réussir (parfois malgré nous) puisque 80% de nos efforts produisent (quand même) 20% de réussite ou, du moins, de résultat satisfaisant. – nous disposons de 80% de ressources mal employées, qui peuvent être sources d’économies / gain de temps / efficacité / joie personnelle (aussi) si nous pouvions les repérer et agir sur elles. – il nous reste donc une marge de manœuvre conséquente pour réussir plus vite et plus efficacement. – si nous creusons les 20% qui nous font réussir et si nous trouvons leurs sources, nous pouvons reproduire ses actions qui « marchent » et amplifier les effets de nos « intrants ». – l’axiome « si je m’investis à 100%, j’obtiendrai 100% de (bons) résultats » ne se vérifie pas. (Au fait, ce n’est pas un axiome mais une croyance). – la croyance « si je mets en œuvre 50% d’énergie, j’obtiendrai 50% de résultat » (une Pensée de type 50/50) ne se vérifie pas non plus. – bien qu’ayant plus de chance de réussir si je « m’investis à fond », si je ne m’investis qu’à moitié, je pourrais obtenir (quand même et malgré moi) 100% de résultat gratifiant. – la relation d’équivalence entre les efforts fournis, l’énergie déployée, les actions mises en œuvre et les résultats obtenus en face n’est pas une relation mathématique logique. Elle ne se vérifie pas non plus.

Alors que faire ?

Seule l’impermanence est permanente

Ce Principe 80/20 nous montre finalement que la vie n’est QUE déséquilibre, naturellement et fondamentalement. Que A n’entraîne pas automatiquement B. Que la loi de cause à effet existe certes (et la Science mécaniste dominante est là pour nous le « démontrer ») mais qu’elle n’est pas seule en action dans l’univers.

Donc, croire qu’agir à 100% de nos capacités nous donnera 100% de résultat est une « pensée magique », un contre-sens, une croyance qui va à l’encontre du fonctionnement de la Vie telle qu’elle se déploie naturellement ; et que la loi de Pareto (les chiffres mathématiques, ça devrait faire plaisir aux « cerveaux gauches » rationnels) nous démontre (ce qui confirme les intuitions des « cerveaux droits »).

Tiens donc…

…l’univers serait-il gouverné par d’autres forces que les nôtres ? Par autre chose que la pensée humaine ? …ça s’pourrait bien…

La loi du chaos à ce propos est plutôt éclairante…

Notre « pensée instinctive » nous donne à voir ce qui est sous notre nez, « au ras des pâquerettes ». Mais ces pâquerettes, aussi champêtres soient-elles, ne sont qu’un bout de la lorgnette et soustraient à notre regard tout le champ qui s’étend à perte de vue. Nous en perdons son étendue, sa beauté, ses fragrances, l’espace que nous pouvons parcourir, le bien-être que nous pouvons en retirer, les idées qui peuvent jaillir par l’inspiration que ce champ suscite en nous… Si nous levions les yeux du ras des pâquerettes pour observer alentours ? Pour nous rendre compte que toute une richesse n’attend que nous !

« Regarder la réalité en face éveille l’esprit » (Yi Jing, le Livre des Changements)

Je trouve ce Principe 80/20 renversant ! Parce que le savoir intellectuellement est une chose (j’ai fait cinq ans d’études de Gestion d’Entreprise et j’ai exercé comme Contrôleur de gestion, je confirme que c’est l’un des grands classiques en gestion) mais en tenir compte dans sa réalité quotidienne en est une autre. Et ça change tout !

Aussi, adopter une pensée exo-centrée plutôt qu’ego-centrée (cf. l’article à ce propos) doit nous permettre de voir la réalité telle qu’elle se joue vraiment avec nous, et non telle que nous voudrions qu’elle soit (en dehors de nous croyons-nous, comme séparée de nous. Ce qui est une illusion). La réalité, de toute façon, aura toujours raison de nous, elle s’imposera toujours à nous (de quelle « réalité » parle-t-on ? C’est une autre affaire). Plus simplement, nous avons des habitudes de « pensée », des « réflexes de pensée », des croyances incrustées en nous qui nous font agir (avec notre consentement tacite), « parce qu’on l’a toujours fait », « parce que c’est comme ça que j’ai appris », « parce que mon voisin fait ainsi donc je fais comme lui ». De cette façon, nous pensons « spontanément » – sans réfléchir – et nous agissons dans cet état d’être. Nous tombons ainsi dans l’activisme – agir plutôt que ne rien faire, (se) bouger plutôt que faire du sur-place, chercher à justifier son salaire / son comportement / son existence …. En fait, nous ne pensons pas dans le sens de la création d’une pensée originale faite d’observations, de constat de la réalité, et de comportement en conséquence. Nous sommes sur pilote automatique… et nous ne voyons pas ce qui se déroule en nous et autour de nous. Nous sommes endormis, inconscients, aveugles. Nous ne voyons rien. Et ce n’est pas parce que nous ne le voyons pas que cela n’existe pas. Et ce n’est pas parce que nous ne faisons rien qu’il ne se passe rien.

Ce n’est pas parce que nous sommes inconscients de ce que nous faisons que nos actes n’emportent pas de conséquences.

Et là tout de suite, j’ai envie de vous dire : STOP !

Arrêtez de faire ce que vous êtes en train de faire ! Pourquoi ?

  • Pour observer ce que vous êtes en train de faire : est-ce que votre action va dans le sens du résultat escompté ? Est-ce que votre action fait partie des 20% qui vont contribuer aux 80% de résultat ?
  • Pour vérifier que vous avez formulé un objectif d’action – car « pas d’objectif, pas d’action » (sic moi) – et que cet objectif fait bien partie des 20% gagnants ;
  •  Pour vous abstenir de tomber dans le perfectionnisme : seuls les 20% d’effort (si vous cherchez bien) vont contribuer à vos 80% de résultat ;
  • Pour agir « utile » et optimiser votre énergie : il vous faudrait peaufiner les 80% restant pour obtenir 100% de résultat « parfait ». Est-ce bien nécessaire ? N’avez-vous pas mieux à faire ?
  • Pour prendre la mesure des conséquences de vos actions : même si vos actions servent un but à court terme et sont donc justifiées, qu’en est-il de leurs retombées sur le moyen-long terme ?

Vous voulez d’autres raisons ? Cherchez et vous trouverez.

Et si vous ne trouvez (vraiment) pas, il est (vraiment) temps de vous dire : STOOOOP !

  • Pour prendre conscience de vos pensées, de vos intentions et de vos actions (actuelles et futures) : vos pensées sont-elles en harmonie avec vos intentions ? Vos actions sont-elles en cohérence avec vos pensées ?
  • Pour préférer agir dans le sens de votre bien-être, de votre épanouissement et de votre joie de vivre.
  • Pour écouter votre intuition, votre petite voix, votre âme, vos anges, Dieu, votre Guide intérieur…
  • Pour entendre l’univers en vous qui sourd et conspire à votre bonheur.

Je vous souhaite le meilleur

Philho Thérapie